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Média local ain'dépendant : l'essentiel de l'actualité sur la rive gauche de la Saône

Histoire : Pont-de-Veyle, une ville neuve de Savoie

Histoire : Pont-de-Veyle, une ville neuve de Savoie

Nous pouvons nous interroger sur l’origine et les raisons de la  fondation de la ville neuve de Pont-de-Veyle aux confins de la Bresse, ville qui est devenue assez rapidement un centre d’une châtellenie savoyarde.

 

Un des premiers documents de la ville sont les franchises qui ont été accordées par Amédée V de Savoie en 1275. Il se peut que la ville ait été fondée « ex-nihilo » comme l’avait été la ville de Morges en Suisse actuelle, fondée en 1286 par Louis 1er de Savoie-Vaud mais peut être existait-il déjà une ancienne forteresse construite par les Sires de Bâgé autour de laquelle s’était développé un bourg avec un marché en plein essor.

 

 

Une place forte aux confins de la Savoie

 

Aux confins de la Bresse et de l’État savoyard, la ville de Pont-de-Veyle va d’abord jouer un rôle de place forte en face de la Dombes, du Beaujolais et de Mâcon.

 

Pont-de-Veyle va se doter de puissants remparts dès 1352 (Il se peut qu'elle ait déjà une enceinte plus sommaire). Sans compter le château comtal, la ville compte 14 tours. S’il ne reste plus rien du château comtal et de la plus grande partie de l'enceinte, la ville a conservé une des deux tours-portes qui est maintenant devenue son emblème.

 

 

Une dépendance de la paroisse de Laize

 

Comme pratiquement toutes les villes neuves, Pont-de-Veyle n’était pas un centre paroissial. Elle dépendait et était sur le territoire paroissial de Laize. La ville disposait néanmoins d’une chapelle qui permettait d’éviter le long trajet jusqu’à Laize pour effectuer les cérémonies religieuses. Cette chapelle a été d’abord construite en dehors des murs, dans un des faubourgs de la ville, probablement près d’une des portes comme cela se faisait alors habituellement, puis elle a été transférée dans l’enceinte assez rapidement en 1369. 

 

Sa localisation, à l’intérieure de l’enceinte, près de l’ancien château comtal peut faire penser que cette chapelle prit la place de la chapelle du château.

 

Ce phénomène n’est pas là aussi unique. On le remarque à Bâgé-le-Châtel où l’église actuelle est à l’emplacement de l’ancienne chapelle castrale (du château), mais surtout à Chambéry.

 

Dans cette ville que le comte de Savoie Amédée V transforme en capitale, la chapelle castrale va être reconstruite. Il ne va pas reconstruire une chapelle, mais deux chapelles. Un oratoire privé dans la haute cour du château et une grande chapelle, Saint Pierre sous le château qui va servir à la fois pour exposer ses reliques au peuple, mais aussi servir d’église aux serviteurs du château et à une partie des bourgeois de Chambéry.

 

Á Pont-de-Veyle, cette église non paroissiale va bénéficier de l’essor de la ville et être rapidement entourée d’autres chapelles privées (il ne reste rien de cette église qui est reconstruite au milieu du XVIII e siècle). Pourtant malgré cet essor, il faudra attendre 1683 pour voir la création d’une nouvelle paroisse dans la ville de Pont-de-Veyle.

 

La raison en partie, est qu’une ville dégage d’important revenu. Et le curé de Laize, qui est aussi prieur ne veut pas laisser partir cette manne financière. 

 

 

Une place commerciale

 

La ville, au croisement de plusieurs routes et de la rivière Veyle qui était à cet endroit navigable depuis la Saône, semble avoir eu un rôle commercial dès le début.

 

Il ne faut pas non plus négliger la proximité de Laize. Laize a été un prieuré fondé par les moines de l’abbaye lyonnaise d’Ainay. La création d’un prieuré était alors une véritable impulsion économique par rapport aux paroisses rurales favorisant l’essor d’un marché local.

 

Nous comprenons de ce fait qu’en fondant une ville neuve à proximité, et mieux située, deux cent ans après environ, celle-ci absorberait cette économie et la dynamiserait.

 

L’accélérateur économique semble pourtant avoir été les foires de Lyon qui prennent la place des foires de Genève en 1463. Un axe commercial, Lyon-Pays-Bas se met en place et la route passe par la Saône et la Franche-Comté. Nous voyons alors l’essor de Pont-de-Vaux mais aussi de Pont-de-Veyle. Philippe de Savoie, pas encore duc de Savoie, dote Pont-de-Veyle de deux foires en 1484 pour profiter de cet axe commercial.

 

C’est de cette époque que date le magnifique bâtiment : la "Maison de Savoie" qui est l'ancienne demeure du châtelain. Cette maison se situe en face de ce qui devait être l'entrée du château comtal et à côté de la halle. C'était un emplacement central et prestigieux.

 

Si la ville va subir les difficultés du marché des foires lyonnaises, surtout après 1560-1570 elle semble survivre économiquement grâce à une importante communauté protestante.

 

Cette communauté, venue essentiellement de Mâcon, fuit la France pour échapper aux guerres de religion (Pont-de-Veyle fait alors partie du Duché de Savoie qui n’est pas en France). Le duc de Savoie Emmanuel Philibert est en effet à cette époque assez tolérant (accord de Cavour en 1561). Les protestants partiront de Pont-de-Veyle en 1685 suite à la révocation de l'édit de Nantes (entre temps, la Bresse est devenue française). La ville tombera alors dans une léthargie économique.

 

De ce fait, la ville de Pont-de-Veyle est une ville qui possède un très riche patrimoine, malheureusement trop méconnu.

 

 

Emmanuel Coux

 

Photos Éric Bernet

Photos Éric Bernet

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